Nous entrons dans Yellowstone et tout de suite on nous met
au parfum : « this is the number 1 park in the world » nous dit
le ranger de l’accueil. Bon OK, voyons ce que ça donne…
Alors, en quelques mots, Yellowstone c’est des forêts de
sapinettes essentiellement, avec des montagnes, des rivières et des lacs.
Jusqu’ici, rien d’extraordinaire, c'est les Vosges, ce qui fait la différence c’est qu’il y a un
superbe canyon et de l’activité géothermique, en gros : des geysers qui
font pschitt en l’air, des mares et des sources qui font blup blup et de la bouillasse
qui fait blop blop. Le tout est très coloré grâce à des micro-organismes qui
vivent là-dedans et qui font du vert, du rouge et du jaune…
A ce propos, d’aucuns disent que le parc tire son
nom de la couleur jaune du canyon de la rivière éponyme. Que nenni, s’il est ainsi nommé c’est parce
qu’il est fréquenté par des hordes de touristes asiatiques déversés par bus
entiers. A peine le pied posé sur le parking, ils courent partout comme des
poulets sans tête en photographiant tout ce qui passe, jusqu’au plus
insignifiant filet de vapeur. Et tous les modes de prise de vue y
passent : téléphone, tablette, compact, reflex, caméscope…Quelle torture
ce doit être une soirée photo au Japon…les invités doivent se faire hara-kiri pour se tirer avant la fin...
Une autre spécificité de Yellowstone c’est qu’on est au
moins à 2000 m d’altitude, donc on se les gèle. Ajoutez à ça de la pluie, le vent et du
grésil et vous aurez une idée de nos conditions de vie misérables (surtout pour
cette fiotte de Guillaume) dans notre camping. En plus on nous a filé un super
emplacement près des chiottes illuminées toute la nuit. Bon évidemment toujours
des consignes de sécurité anti-ours en veux-tu en voilà…genre laisse pas
trainer ton dentifrice dehors, l’ours il sent tout et il pourrait venir te
bouffer et se brosser les dents ensuite. Mais toujours aucun ours en vue dans
la réalité. Vincent pense même à envoyer Guillaume dans la forêt avec une
ceinture de steaks hachés pour qu’il puisse enfin en filmer un.
Dans le détail, notre premier jour est consacré au montage
de tente sous la pluie, puis à la visite de deux sites géothermiques : Mud
Volcano (boue qui fait ploc ploc) et West Thumb (mares et sources qui font blup
blup) dont vous trouverez les photos ci-dessous (attention, y figure aussi un phénomène cutanothermique assez intéressant). D’ailleurs, n’hésitez pas à
aller chercher sur internet des meilleures photos, car eau chaude + air froid =
vapeur qui pue l’œuf pourri partout dans ta gueule et à certains endroits on voit rien. En plus
c’est pas comme en Bolivie où on pouvait se balader en tongs au milieu des
mares de bouillasse. Ici, c’est interdiction de sortir de la promenade en bois
donc il y pleins de trucs qu’on distingue à peine (ce qui n’empêche pas les
chinois de les photographier).
Le soir on essaie de faire du feu alors qu’il a plu toute
la journée, notre repas en dépend, on galère mais après avoir brulé un stère de petit bois, on arrive
à avoir assez de braise pour se faire des saucisses (l’aliment de base du
campeur).
Le deuxième jour, on va à LA grosse attraction du parc, le
geyser Old Faithful, qui s’appelle comme ça car il fait pschitt très haut et
surtout régulièrement, genre toutes les heures et demi, ce qui constitue un
immense avantage pour percer dans le marché hyperconcurrentiel des geysers à touristes.
Comme nous sommes un peu en avance, nous nous promenons dans le champ à geysers
qu’est à côté, il pleut donc on se fait arroser deux fois : par la pluie
et par les geysers. Une fois bien trempés, on attend encore car Old Faithful est
en retard. Bon, pour tout vous dire, l’éruption nous a donné une idée de la frustration
que peuvent éprouver les femmes dans certaines situations : ça a été de petite taille et bref.
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En attendant Old Faithful |
C’est donc un peu déçus et avec le sentiment d’avoir été
trompés sur la marchandise qu’on se tire vers le champ de geysers et compagnie de
Norris. Bon là, c’est super : c’est grand donc on est pas les uns sur les
autres, y’a plein de trucs différents et même des ruisseaux multicolores.
On se rend ensuite à Mammoth pour y voir des Hot Springs dont le ruissellement a donné à la roches des formes hallucinantes, c’est remarquable ! (en plus c’est un des rares moments où il ne pleut pas).
Au rayon animaux, c’est pas mal même si ça manque de canards. Il y des oies quand même mais aussi des buffles, des élans et des sortes de chevreuils. Impossible de les louper, dès qu’il y a un embouteillage avec des gens qui traversent la route comme des cons sans regarder autre chose que le viseur de leur appareil photo, c’est qu’il y a un animal dans le coin.
Le soir, nous nous extrayons de notre triste condition de campeur pour aller au bar puis au restaurant. On y est si bien, il y fait si chaud et sec ! On boit quelques coups pour se donner du courage et se réchauffer avant de retourner sous notre tente. Comme dit Casey, la barmaid de l’Arizona : « le temps, c’est tellement déprimant ici ».